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Nous continuons d'explorer des modalités variées de valorisation des archives que nous conservons et nous avons souhaité, dans le cadre de notre programme de valorisation sur l'antimilitarisme pendant la Guerre froide, expérimenter la création d'une fiction radiophonique basée sur nos collections d'archives.
Nous avons ouvert nos étagères et nos cartons à Marine Maye, diplômée de la Haute école d'art et de design de Genève (filière cinéma option son), qui a choisi les archives de la Base antimilitariste (BAM) conservées dans le fonds André Petitat pour développer une fiction radiophonique. Le texte de la fiction que vous allez écouter introduit, dans le contexte d'un récit de fiction, des extraits d'archives sélectionnés par Marie Maye et appropriés par des comédiennes et des comédiens comme le texte d'un rôle.
Dans le sillage de la Journée antimilitariste de mai 1968 à Genève, la Base antimilitariste a constitué une tentative d'organiser l'opposition à l'armée à la fois à l'intérieur et à l'extérieur des casernes. L'action des militantes et militants de la BAM a donné lieu à un procès, dit procès d'Yverdon (juin 1973), qui a été un moment important de la publicité organisée par les groupes militants autour de l'insubordination à l'armée en Suisse.
Affiche tract de bilan du procès d'Yverdon, Fonds 037 Daniel Marco, affiche 1212
Comme dans d'autres secteurs de lutte (antipsychiatrie, lutte anticarcérales, etc.), le travail de politisation consiste à faire connaître au grand public les luttes qui se développent dans le cadre d'institutions fermées et autoritaires. Il s'agit notamment d'éviter que les insubordinations individuelles soient écrasées en raison de l'isolement de ceux qui les commettent face à la répression.
La mise en fiction de l'histoire contemporaine, si elle emprunte d'autres voies que l'écriture traditionnelle de l'histoire, n'en demeure pas moins une remarquable voie d'accès pour le public à des questions qui ne sont parfois pas encore à l'agenda des historiennes et des historiens. L'exemple du roman policier Meutre pour mémoire de Didier Daeninckx est éloquent à cet égard. Oeuvre de fiction, Meutre pour mémoire précède d'une année le tout premier travail historique sur le massacre du 17 octobre 1961 (Michel Levine, Les ratonnades d'octobre, 1985). Surtout, le polar de Daeninckx attire l'attention du grand public un événement largement occulté et permet ainsi de faire émerger une demande sociale de production historique et d'inscription dans la mémoire officielle.
Souhaitons que la fiction présentée ici contribue à restituer - c'est l'objectif général de notre programme de valorisation 2023 - la diversité des oppositions à l'armée en Suisse dans les années 68. Pour compléter votre écoute, vous pouvez lire une présentation d'un ensemble de documents relatifs au Groupe des 32 Politiser le refus de servir et lire un commentaire de document intitulé «L'armée sous le feu de la subversion»._
Au générique
Réalisation, prise de son et montage: Marine Maye.
Avec les voix de: Marilou Felix, Linna Ibrahim, Clément Etter, Zacharie Heusler, Fabrizio Vacirca, Leonardo Rafael, Raoul Bickel-Pasche, Charles-Elie Payre, Yannis Ziesche, Renaud Boder, Pablo Leverington, Nicolas Bloch, Alain Clémence et Frédéric Deshusses.
Un grand merci à Lorenzo Avellino, Geraldine Beck, Frédéric Deshusses, Valentin Rotelli, Jessica Decorvet, Leonore Hess, Constance Brosse, Jonas Hauert et Marilou Felix pour leurs retours attentifs.
Ce podcast a bénéficié du soutien du fond de transformation de l'Etat de Genève. Les Archives contestataires bénéficient du soutien de la Ville de Genève (Agenda 21 - Ville durable).