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En lien avec notre thème annuel, nous présentons ici quelques documents autour des luttes dans l'imprimerie genevoise, issus des fonds Charly Barone et Ariel Herbez.
La fin des années 1960 correspond, dans les arts graphiques, à une nouvelle période d'introduction massive et rapide d'innovations techniques. Une première séquence de même nature a eu lieu au début du XXe siècle, avec l'introduction des Monotypes et des Linotypes (machines à fondre des lignes de texte).
La négociation de la Convention collective de travail en 1968 est marquée par deux événements sans précédent. D'abord, après une première séance, la Société suisse des maîtres imprimeurs (SSMI) refuse de poursuivre la négociation (Le Gutenberg, 19 janvier 1968). Ensuite, les négociations ayant finalement eu lieu, ce sont les membres de la Fédération suisse des typographes (FST) qui refusent la convention, contre l'avis du secrétariat fédératif (voir l'argumentaire de la section genevoise contre l'accord : Le Gutenberg, 3 mai 1968). Il faut organiser un second vote, en juin 1968, pour valider le texte (Le Gutenberg, 11 juillet 1968).
La contestation interne à la FST est notamment portée par un groupe de jeunes typographes genevois, en délicatesse avec le Parti du Travail, qui critiquent vivement le corporatisme de la FST et considèrent l'organisation par entreprise, toutes catégories de personnel confondues, comme seule à même d'opposer une résistance effective à la modernisation du travail dans le secteur des arts graphiques. Ce groupe constituera un Comité de base de l'imprimerie pour porter cette position auprès des travailleurs et à l'intérieur du syndicat. En janvier 1975, le journal Tout va bien décrit ainsi la situation genevoise:
Deux courants sont en opposition jusqu’au sein du Comité syndical cantonal : les chefs syndicalistes traditionnels d’une part, [...] et, d’autre part, les partisans d’un syndicalisme réellement combatif, regroupés entre autres autour du Comité de base de l’imprimerie. Celui-ci, après s’être créé en opposition totale avec le syndicat et avoir recueilli assez d’audience pour déclencher une grève sauvage au Journal de Genève en 1971, a décidé [...] de participer activement au débat syndical et de se faire élire sur des positions de lutte au Comité.
En 1969, Charly Barone, Christian Tirefort, Bernard Hess et Hans Bräm publient un texte dans Le Gutenberg: organe de la Fédération suisse des typographes en réponse à un rapport de Beat Weber, secrétaire fédératif, sur les innovations techniques. Le textes des quatre typographes genevois analyse en profondeur la situation des travailleurs du secteur et critiquent la position syndicale. Ce texte nous semble constituer une sorte de manifeste de l'opposition syndicale qui se met en place à Genève dans le secteur des Arts graphiques et nous avons souhaité le publier sous la forme d'une brochure, téléchargeable ici.
Une brochure du futur Comité de base de l'imprimerie, intitulée Que faire dans le syndicat ? qui critique l'action de la Fédération suisse des typographes.
Un article de Tout va bien: mensuel suisse de contre-information et de luttes, n°17, janvier 1975 sur la modernisation des techniques d'impression et la crise du secteur des arts graphiques.
Un tract du Comité de base de l'imprimerie (ca. 1973) qui attaque la position patronale notamment sur les innovations techniques.
Un tract de la Fédération suisse des typographes (FST) annonçant la projection du film Libérez le Parisien (Jean-Louis Muller pour la CGT, 1976, 56 min.) Ce film retrace la lutte des employés du Parisien libéré contre la restructuration massive du journal et en particulier de son imprimerie. Le conflit, qui débute en mars 1975, durera deux ans.
Un ordre de débrayage de la section genevoise de la FST au sujet du conflit à l'imprimerie Nagel (1975).
Des notes manuscrites de Charly Barone au sujet du lien entre évolution technique et stratégie syndicale (un extrait de cette note constitue l''illustration de cette page).