Dans l’enquête de Pascal Marichalar sur la lutte des ouvriers verriers de Givors1 pour la reconnaissance et l’indemnisation des maladies provoquées par leur travail, les archives tiennent une place centrale. Les archives de l’entreprise sont détruites à la faveur de la fermeture du site industriel. Les archives de la médecine du travail ne sont accessibles qu’au compte goutte et selon des décisions arbitraires. La preuve documentaire des expositions à des produits dangereux semble ainsi particulièrement difficile à établir.

Quand soudain, un des acteurs de l’enquête entre en possession, par un don anonyme, d’archives établissant l’usage de produits cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques dans l’usine. Ces archives sont dès lors conservées par l’Association des anciens verriers parce qu’elles ouvrent la voie à la reconnaissance, en tant que maladie du travail, des cancers et autres affections dont souffrent et meurent les ouvriers du site. Bien plus que le fameux patrimoine industriel, à la valorisation duquel l’Association des anciens verriers se destinait initialement, ces archives constituent une ressource qui contribue à rétablir la dignité des travailleurs et de leurs familles.

Cet exemple illustre le rôle particulier que peuvent tenir les archives dans le cadre de mouvements pour la protection de la santé publique ou de l’environnement. Si ces mouvements produisent des archives de leurs luttes, ils utilisent parfois aussi des archives pour les nourrir, pour prouver des atteintes ou étayer des accusations.

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L’histoire environnementale prend en Suisse de nouveaux chemins dans lesquels les mouvements sociaux ont leur place. Dans le cadre de notre programme de valorisation Écologies : quelles histoires ? nous proposons une soirée d’échanges autour des archives de l’histoire des luttes environnementales en Suisse.

En tant qu’institution de conservation, nous souhaitons interroger les chercheuses et chercheurs qui défrichent ce terrain. Quelles archives peuvent-elles être mobilisées pour écrire cette histoire ? Comment et par qui sont-elles conservées ? Quelles difficultés d’accès rencontrent les chercheuses et chercheurs ? Quelles destructions, quels manques sont constatés ?

Quatre historiennes et historiens – Tiphaine Robert, Véronique Stenger, Nicolas Chachereau et Alexandre Elsig – viendront nous présenter leurs recherches en cours dans le domaine de l’histoire environnementale et en particulier évoquer les archives qu’elles et ils mobilisent.

Jeudi 24 novembre 2022 à 19h. au Pneu, 18 rue du Vélodrome, 1205 Genève. La soirée sera suivie d’un buffet.

Organisation : Archives contestataires, en partenariat avec la Maison de l’histoire (Université de Genève). Avec le soutien financier de la Ville de Genève et de la Commission de gestion des taxes fixes (Université de Genève).

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